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Lézard

Dans la faille

avril 2005

Kiron Espace - Lézard


Rock Revolution Records - FRANCE

 

Tout a commencé avec une pochette de David Bowie. Un squamate se lovait sur l'une des phalanges du Martien-araignée. Tout a commencé avec la mouvance Cold Wave et son romantisme urbain d'abîmés. Mais également avec la pop grésillante de la côte Est Nord Américaine des défuntes 80'S. A moins que cela ne soit avec la vague rock décomplexée des indés et alternatifs français. Tout a commencé banalement, comme toutes ces histoires de rock, il y a cinquante ans et ils le savent. Tout recommencera. Une histoire de mue. Chauffée à l'ombre des caves, des studios engloutis et des bars où les voluptés et les vapeurs de houblon dessinent les destins et renforcent les convictions. Des coups de folie, des déceptions, des envies de tout plaquer et puis le lendemain, cette même envie, cette force volontaire d'en découdre. "Parce que nous ne savons faire que ça". Alors les Sauriens avancent. Se glissent par-delà les murailles de la capitale. Lacerta muralis. Avec ou sans soleil, c'est demain qui compte.

En 1998, Paul colle ses clefs et ses notes sur des mots griffonnés, papiers froissés, délaissant les toiles et les fusains "Des influences imperceptibles, difficiles à définir, qui sont passées dans la musique". Du texte au chant, tout un hasard "parce que la place était libre". Fanny en écho et en chœur, trame et tapisse de basse ces bijoux de pop faussement naïve " Bassiste mais dans Lézard avant tout. Ce que je joue, ce que je ressens n'est pas uniquement le fruit de la basse. Je joue des sons". Des petites rengaines où se mêlent pêle-mêle lucidité, tendre cynisme, colères amères et gelées, telle la peau de la bête qui les habille, des scénaris aux parfums coquins et libertins. Les squamates taillent et fouettent, des lambeaux se détachent, les chairs sont à vif. Du mordant, du sauvage. De l'animal. Paul confie " Pas chamanique ni mystique, loin de Morrisson. Plutôt cabré, ondulé et glissant comme Iggy Pop". Sombre et séminal.

Avec un troisième bestiau, Lézard sillonne les circuits indés Parisien (Maroquinerie, Glaz'art....),les festivals (Loft des lézards au zénith de Nancy, Zicopath' festival d'Angers) et les tremplins en finaliste (Zebrock 2003), provoquant les rencontres et forgeant ainsi une scène pop acide et démarquée aux côtés de ACWL, POC, FRANCE CARTIGNY. Livraison d'un premier opus en 2002, clip "Facile" à l'appui, vendu de main à la main après les concerts. Pour toucher l'autre, sentir et ressentir, poser les vraies questions. Des électrons libres et agités avant tout "Nous tirons l'avantage d'être indépendant en restant ce que nous sommes. Pas de tricherie dans le cirque". Lucide du parcours serpenté qui l'attend en déjouant les pièges avec humour. Question d'instinct, question de flair, l'osmose, l'écoute et la confiance "On se colle pour décoller", sont les guides du jeune reptile loin d'être rassasié. Lacerta viridis. "Nous suivons l'instant sans intellectualiser ni schémas directifs". Ce qui n'empêche pas les doutes, les galères et les douleurs. Le batteur ne s'en remet pas et quitte l'aventure en 2003. Lézard est rejoint par Laurent juste à temps pour la création du nouvel album "Dans la faille".

 

Ce disque est pris en griffe par Doc Mateo à la production (Jean-Louis Aubert, France Cartigny) et sa comparse Lily Margot dans leur vivarium de Bagnolet. Douze chansons sifflées quasi dans le souffre et les petites plaies du quotidien. Le banal devient mordant et amer, où la solitude côtoie la trahison, l'amour déchu, l'espoir essoufflé. Des visions incisives, qui placent l'auditeur en position de voyeur, quand le trio pop est caméra d'un court-métrage abrasif, tout en ligne claire et vive. Une urgence introspective traduit par des images simples, renforcée par des compositions électriques, voire orageuses "Dans la danse, Ho, Comme avant" ou des ballades faussement sucrées, des perles de pluies qui glissent sur des carreaux embués d'un dimanche d'automne "La trève, Je ne vis pas pour elle, Séparés, A l'envers". Un univers crû, avec écailles dressées, luisantes de cynisme, pointant le mal-être des chairs, des corps, des couples et où la véritable déviance humaine n'est pas forcément que sexuelle mais un brin collective, médiatique et comportementale "Le Pornographe, JC vole, Te plaire". Lezard au cœur du béhaviorisme. Lacerta veritas. Lezard, tel un guide tellurique urbain descend de son pan et ouvre la faille, brèche béante d'un monde bien plus que porno, nous invitant à une cérémonie où les voies de la guérison sont celles de notre conscience individuelle et collective. Par-delà les trous et les pores, voyons et engouffrons-nous.

 

 

www.lezard-legroupe.com

 

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